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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 10:22

Je voudrais avant la lecture de cet article vous dire que la cérémonie funéraire au pays Toraja est très loin de nos repères occidentaux. C’est un rituel qui se transmet de générations en générations.

Cette tradition repose sur le sacrifice d’animaux pour aider l’âme du défunt dans son ascension vers le paradis ou du moins vers une autre vie meilleure. C’est très sanguin et même si je ne mets pas les photos et vidéos les plus choquantes, cela peut quand même mettre mal à l’aise, d’autant plus que la lecture se fait hors contexte et ce n’est pas toujours facile à comprendre.

Nous sommes arrivés à la maison du défunt et déjà beaucoup de monde était présent. Sur le chemin les personnes continuaient d’arriver, la plupart très bien vêtues avec la couleur noir dominante mais pas exclusivement. Il y avait aussi des voitures avec passagers et offrandes, à savoir le plus souvent des porcs dans le même véhicule.

Les offrandes sont principalement des coqs, pour les gens moins aisés, des porcs et des buffles pour les plus riches.

Pour le défunt qui avait 62 ans et qui était mort depuis trois mois, il y a eu plus de quarante porcs et dix buffles de sacrifiés. Cela peut paraître beaucoup mais ici c’est la moyenne !

Le mort était dans sa maison et nous ne l’avons pas vu, il ne sera descendu et enterré que le troisième jour de cérémonie. Par contre il n’est considéré mort que depuis le premier jour de la fête des funérailles.

C’est le frère du défunt qui nous a accueillis. Nous avons fait la coutume en lui offrant une cartouche de cigarettes. Il nous a ensuite dirigés vers une alvéole qui était réservée aux invités. Il nous a expliqué un peu le déroulement et parlé de lui et de sa famille. Son père était à coté de lui. Marion qui parle un peu indonésien conversait avec lui et nous expliquait ce qu’il disait.

Pendant ce temps les hommes avaient formé un cercle et effectuaient une danse 462avec des chants exclusivement vibratoires, c'est-à-dire que tous les sons très graves sortaient du fond de la gorge. Un homme racontait la vie du mort pendant que les autres faisaient le chant. 

Toutes les personnes étaient dans des sortes de box en bambous fabriqués pour l’occasion.530 Cela représentait un grand cercle devant la maison, avec au milieu le lieu des sacrifices de buffles.

Les cochons arrivaient de partout sur des bambous qui servaient à les porter.

Un endroit était réservé à la préparation des repas car tous le monde, je pense environs 600 personnes ce jour là, devaient rester manger, y compris nous.476

Aux alentours c’était les sacrifices des porcs, le découpage et la cuisson. Je suis parti avec Topik notre guide pour voir un peu comment tout cela se déroulait. Anita et Marion ont préféré rester à l’écart de ces préparatifs.

Il faut dire qu’il n’y a pas de sentiments, les hommes tuent froidement, ce sont souvent des jeunes garçons. Ensuite ils vident les cochons avant de les mettre sur les flammes. Ils enfilent tout le bras dans la bête encore chaude 468et extraient le sang, le foie et le cœur pour mettre dans des gros bambous 485qui iront ensuite sur le feu pour cuire le contenu.483

Après soit le porc est mit sur le feu pour être mangé tout de suite, soit il est découpé pour donner aux gens quand ils partiront. Tout n’est pas mangé sur place, une partie est donnée et une autre est vendu pour payer les taxes car l’état prélève des taxes sur chaque bête sacrifiée.

Les hommes boivent beaucoup de vin de palme pendant toute la cérémonie, j’ai été convié à vider quelques bambous avec eux.487 Ce n’est pas le top, le vin de palme même si certains était meilleurs que d’autres. Souvent il fermente encore et c’est un peu acide !

Finalement j’ai constaté que les femmes aussi buvaient et je pense qu'à la fin de la journée tout le monde est un peu dans le gaz. Heureusement que pour la plupart, ils dorment sur place.

Alors que j’étais en discussion avec mes amis « bouchers », Topik m’a appelé car il y avait un sacrifice de buffle, les neufs autres ayant lieu le lendemain.

Le buffle avait les yeux bandés, au début car après il l’a perdu son bandeau, une patte arrière attachée à un pieu. Il avait une corde autour du cou qui était tenue par l’homme qui allait le tuer. Un autre homme assistait le tueur. Ce dernier avait un couteau assez long à la ceinture et d’un geste très vif a tranché le cou du buffle. C’est très cruelle comme scène car la bête perd très vite beaucoup de sang, elle tombe et se relève à plusieurs reprises pour finalement succomber en quelques minutes.491 Les gens regardent pour la plupart mais il n’y a pas d’excitation, n’y de bruit. Je dois avouer que je ne regarderais pas cela pendant neuf reprises comme cela va se passer. Je ne porte pas de jugement car je sais très bien que je n’ai pas les connaissances nécessaires pour approfondir les raisons exactes de ces actes. Tout cela parait très primitif mais l’acte de mort n’a pas la même portée chez ce peuple là. Il y a, comme a expliqué Anita dans son article, toute une symbolique et un raisonnement qui nous échappe.

Après le buffle a été découpé et la viande sera bouilli. Ses cornes viendront orner la maison du défunt.

Toute la viande repose sur des feuilles de palmier, 517c’est très spécial toute cette viande un peu partout, ces porcs roussis…..499la mort pour accompagner l’esprit du mort vers le paradis.

Le repas a eu lieu avec les morceaux de viande des animaux sacrifiés. Les enfants du mort n’ont pas le droit de manger de cette viande pendant les trois jours.

Nous avons passé quelques heures dans cette cérémonie pas comme les autres.

Je ne peux pas dire que ce soit à mon goût, tous ces sacrifices me perturbent un peu.

Je n’ai pas ressenti la tristesse des cérémonies mortuaires de chez nous. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas, je ne pense pas que la croyance exclue ce sentiment. Simplement, les gens sont mieux préparés psychologiquement au départ de chacun d’entre eux vers l’au-delà, leur vie entière est consacrée et orientée vers ce but.

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1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 13:50

En quittant le Cambodge nous sommes revenus à Kuala Lumpur pour attendre notre avion direction l’Indonésie, les Célèbes pour le lendemain. Nous allons prendre un guide (Topik) pendant quelques jours pour visiter le pays Toraja en Sulawesi. Pascal avait fait une demande sur internet pour trouver une personne intéressée pour faire le même circuit que nous et pour partager notre guide. C’est donc Marion de Paris qui nous a rejoint à Kuala Lumpur et ensemble nous avons pris l’avion pour Makassar.016.JPG

Après une journée entière de route en voiture (confortable)132, nous arrivons à Rantepao au pays Toraja.228 Le lendemain départ à neuf heures pour une visite des villages237 et les explications de Topik sur les coutumes.

Les Toraja vivent pour leurs morts. Toute leur vie est dédiée à l’accompagnement des morts dans l’au delà. Quand quelqu’un meurt dans la famille, cette dernière se réunit avec le chef coutumier du village. C’est lui qui établit combien l’enterrement va coûter en nombre de buffles, cochons et coqs à sacrifier afin que le défunt puisse atteindre le paradis.

Les buffles sont sacrés, ils ne travaillent d’ailleurs pas dans les rizières, contrairement au Cambodge. Ici ce sont les hommes qui travaillent et les buffles qui les regardent faire.545.JPG Ils se portent très bien d’ailleurs, jusqu’à l’ultime sacrifice, parce qu’ils sont tous dédiés à ça. Il est donc bien vu de sacrifier plus de buffles que des cochons.

Ce sont les familles aisées qui sacrifient les buffles et les plus pauvres qui se contentent des cochons et des coqs. Comme la famille proche ne peut que très rarement supporter ces frais, des membres plus éloignés peuvent offrir des buffles ou cochons. Il faut considérer ceci comme un emprunt, qu’on doit donc rembourser plus tard dans le cadre d’un enterrement également. Finalement il faut voir ceci comme une épargne. Le plus qu’on offre de bêtes en sacrifice pour d’autres, le plus on vous en offrira quand votre tour viendra.

Il faut savoir que tant que toutes les bêtes à sacrifier ne sont pas réunis la cérémonie ne peut avoir lieu. Malgré les emprunts, ceci peut prendre du temps. C'est-à-dire plusieurs mois, ou même plusieurs années. On ne peut pas enterrer avant et le défunt n’est pas considéré mort tant que la cérémonie n’a pas commencée. Il est dans une sorte d’état intermédiaire. On le garde à la maison tout ce temps….. Il faut donc le conserver. On l’embaume. Il y a plusieurs techniques. Je vous épargne tous les détails, mais ça va du vinaigre jusqu’au formol ! Et nous sommes dans un pays tropical ! Considérant que la personne n’est pas morte, on lui parle, on lui amène à manger, etc. il n’y a pas de tabou. Cet après-midi on nous a donc proposé de visiter le mort, qui était là depuis trois mois dans la maison. Marion et moi avons déclinée l’invitation, mais Pascal était très intéressé et a donc rendu visite. Il a été très impressionné par la « fraicheur » du cadavre.

Une fois la date de l’enterrement arrivée, il y a plusieurs endroits possibles qui dépendent également de l’importance de la famille. Pour éviter les pillages des tombes les Toraja enterraient leurs morts dans des rochers à une bonne hauteur. On creuse des trous dans la paroi et on hisse le cadavre là haut. Devant le tombeau on a fait une sorte de terrasse sur laquelle on expose un personnage grandeur nature, représentant le mort et habillé comme lui.253 Celui-ci est soit debout, soit assis. Ces personnages sont sculptés dans du bois et on croirait que ce sont des vrais cadavres qui sont exposés là haut.image4-5121.JPGIls servent comme une sorte d’intermédiaire entre la vie terrestre et le paradis. Apparemment il n’y a plus beaucoup d’endroits où on peut les admirer. Il 100.JPGsemblerait qu’ils se font voler, et les gens les garderaient plutôt à la maison maintenant. Monter des cadavres si haut dans les rochers est dangereux également, donc on abandonne peu à peu ces pratiques, et on commence à construire des tombeaux. Ce qui n’empêche pas tout le reste du rituel.

En remontant encore plus dans le temps, au moyen âge, on ne creusait pas dans la roche, mais on suspendait des sarcophages en bois imputrescible258 à flanc de coteaux en hauteur également.248 A cette époque il n’y avait pas encore de tau tau (personnages des morts) non plus. On retrouve encore des restes de ces tombeaux. Et on continue à faire des offrandes (par exemple des cigarettes)264 pour accompagner ces morts dans l’au-delà.

Les maisons des Toraja sont très particulières. Les maisons traditionnelles familiales sont construites en bois sur pilotis433.JPG avec une toiture en forme de cornes de buffle ou bien de coque de bateau renversée.image4-5264.JPG La maison elle-même est entièrement sculptée et peinte.451.JPG Il existe vingt deux motifs de sculptures différents.

592.JPG594.JPG597.JPG598.JPG599.JPG591.JPGDevant les maisons se trouvent des greniers à riz,image4-5194.JPG qui sont fait sur le même modèle que les maisons. Ces constructions sont absolument magnifiques. Des vrais d’œuvres d’art. On peut y avoir sur le même terrain plusieurs greniers à riz et plusieurs maisons côte à côte565.JPG.

Les Torajas sont dispersés partout dans le monde, mais ils restent fidèles à leurs coutumes, ce qui veut dire que quand il y a un enterrement familial, les gens affluent de partout dans le monde. Il faut loger tout ces gens. Pour les plus proches (frères et sœurs) il y a une maison traditionnelle comme décrit ci-dessus. Pour les autres invités on construit des habitations provisoires en bambou avec une chambre pour chaque famille qui se déplace. Vous voyez que tout cela est très lourd à supporter financièrement. Les familles s’endettent aussi pour plusieurs générations. Chaque enfant qui naît est déjà chargé par la dette familiale et ne peut donc jamais se sortir de ce système. S’il refuse d’y adhérer il est banni à vie. Mais apparemment personne n’y trouve à redire, même à l’heure actuelle.

Les Torajas sont animistes (tout a une âme et il y a un dieu pour tout), mais ils sont également chrétien en parallèle. Ceci bien sûr suite à la colonisation. Ce sont d’abord les portugais qui sont venus ici mais ils ont été vaincus par les hollandais. L’Indonésie est resté hollandaise de 1660 jusqu’à 1945. D’après notre guide ce seraient les hollandais qui ont amenés le système d’irrigation des rizières par les digues. Toujours selon notre guide, le drapeau indonésien serait fait à partir du drapeau hollandais. Le drapeau hollandais est rouge blanc bleu dans le sens horizontale. A l’indépendance on avait besoin d’un drapeau rapidement, on a juste supprimé le dernier bandeau du bas, le bleu, ce qui fait un drapeau rouge et blanc.INDkO-copie-1.gif Anita

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 20:16

Circuit en Sulawesi du 25 aout au 19 septembre. Ce circuit est théorique et sera modulé au fil des rencontres.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir.

carte_celebes1.jpg

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