En quittant le Cambodge nous sommes revenus à Kuala Lumpur pour attendre notre avion direction l’Indonésie, les Célèbes pour le lendemain. Nous allons prendre un guide (Topik) pendant quelques jours pour visiter le pays Toraja en Sulawesi. Pascal avait fait une demande sur internet pour trouver une personne intéressée pour faire le même circuit que nous et pour partager notre guide. C’est donc Marion de Paris qui nous a rejoint à Kuala Lumpur et ensemble nous avons pris l’avion pour Makassar.
Après une journée entière de route en voiture (confortable), nous arrivons à Rantepao au pays Toraja.
Le lendemain départ à neuf heures pour une visite des villages
et les explications de Topik sur les coutumes.
Les Toraja vivent pour leurs morts. Toute leur vie est dédiée à l’accompagnement des morts dans l’au delà. Quand quelqu’un meurt dans la famille, cette dernière se réunit avec le chef coutumier du village. C’est lui qui établit combien l’enterrement va coûter en nombre de buffles, cochons et coqs à sacrifier afin que le défunt puisse atteindre le paradis.
Les buffles sont sacrés, ils ne travaillent d’ailleurs pas dans les rizières, contrairement au Cambodge. Ici ce sont les hommes qui travaillent et les buffles qui les regardent faire. Ils se portent très bien d’ailleurs, jusqu’à l’ultime sacrifice, parce qu’ils sont tous dédiés à ça. Il est donc bien vu de sacrifier plus de buffles que des cochons.
Ce sont les familles aisées qui sacrifient les buffles et les plus pauvres qui se contentent des cochons et des coqs. Comme la famille proche ne peut que très rarement supporter ces frais, des membres plus éloignés peuvent offrir des buffles ou cochons. Il faut considérer ceci comme un emprunt, qu’on doit donc rembourser plus tard dans le cadre d’un enterrement également. Finalement il faut voir ceci comme une épargne. Le plus qu’on offre de bêtes en sacrifice pour d’autres, le plus on vous en offrira quand votre tour viendra.
Il faut savoir que tant que toutes les bêtes à sacrifier ne sont pas réunis la cérémonie ne peut avoir lieu. Malgré les emprunts, ceci peut prendre du temps. C'est-à-dire plusieurs mois, ou même plusieurs années. On ne peut pas enterrer avant et le défunt n’est pas considéré mort tant que la cérémonie n’a pas commencée. Il est dans une sorte d’état intermédiaire. On le garde à la maison tout ce temps….. Il faut donc le conserver. On l’embaume. Il y a plusieurs techniques. Je vous épargne tous les détails, mais ça va du vinaigre jusqu’au formol ! Et nous sommes dans un pays tropical ! Considérant que la personne n’est pas morte, on lui parle, on lui amène à manger, etc. il n’y a pas de tabou. Cet après-midi on nous a donc proposé de visiter le mort, qui était là depuis trois mois dans la maison. Marion et moi avons déclinée l’invitation, mais Pascal était très intéressé et a donc rendu visite. Il a été très impressionné par la « fraicheur » du cadavre.
Une fois la date de l’enterrement arrivée, il y a plusieurs endroits possibles qui dépendent également de l’importance de la famille. Pour éviter les pillages des tombes les Toraja enterraient leurs morts dans des rochers à une bonne hauteur. On creuse des trous dans la paroi et on hisse le cadavre là haut. Devant le tombeau on a fait une sorte de terrasse sur laquelle on expose un personnage grandeur nature, représentant le mort et habillé comme lui. Celui-ci est soit debout, soit assis. Ces personnages sont sculptés dans du bois et on croirait que ce sont des vrais cadavres qui sont exposés là haut.
Ils servent comme une sorte d’intermédiaire entre la vie terrestre et le paradis. Apparemment il n’y a plus beaucoup d’endroits où on peut les admirer. Il
semblerait qu’ils se font voler, et les gens les garderaient plutôt à la maison maintenant. Monter des cadavres si haut dans les rochers est dangereux également, donc on abandonne peu à peu ces pratiques, et on commence à construire des tombeaux. Ce qui n’empêche pas tout le reste du rituel.
En remontant encore plus dans le temps, au moyen âge, on ne creusait pas dans la roche, mais on suspendait des sarcophages en bois imputrescible à flanc de coteaux en hauteur également.
A cette époque il n’y avait pas encore de tau tau (personnages des morts) non plus. On retrouve encore des restes de ces tombeaux. Et on continue à faire des offrandes (par exemple des cigarettes)
pour accompagner ces morts dans l’au-delà.
Les maisons des Toraja sont très particulières. Les maisons traditionnelles familiales sont construites en bois sur pilotis avec une toiture en forme de cornes de buffle ou bien de coque de bateau renversée.
La maison elle-même est entièrement sculptée et peinte.
Il existe vingt deux motifs de sculptures différents.
Devant les maisons se trouvent des greniers à riz,
qui sont fait sur le même modèle que les maisons. Ces constructions sont absolument magnifiques. Des vrais d’œuvres d’art. On peut y avoir sur le même terrain plusieurs greniers à riz et plusieurs maisons côte à côte
.
Les Torajas sont dispersés partout dans le monde, mais ils restent fidèles à leurs coutumes, ce qui veut dire que quand il y a un enterrement familial, les gens affluent de partout dans le monde. Il faut loger tout ces gens. Pour les plus proches (frères et sœurs) il y a une maison traditionnelle comme décrit ci-dessus. Pour les autres invités on construit des habitations provisoires en bambou avec une chambre pour chaque famille qui se déplace. Vous voyez que tout cela est très lourd à supporter financièrement. Les familles s’endettent aussi pour plusieurs générations. Chaque enfant qui naît est déjà chargé par la dette familiale et ne peut donc jamais se sortir de ce système. S’il refuse d’y adhérer il est banni à vie. Mais apparemment personne n’y trouve à redire, même à l’heure actuelle.
Les Torajas sont animistes (tout a une âme et il y a un dieu pour tout), mais ils sont également chrétien en parallèle. Ceci bien sûr suite à la colonisation. Ce sont d’abord les portugais qui sont venus ici mais ils ont été vaincus par les hollandais. L’Indonésie est resté hollandaise de 1660 jusqu’à 1945. D’après notre guide ce seraient les hollandais qui ont amenés le système d’irrigation des rizières par les digues. Toujours selon notre guide, le drapeau indonésien serait fait à partir du drapeau hollandais. Le drapeau hollandais est rouge blanc bleu dans le sens horizontale. A l’indépendance on avait besoin d’un drapeau rapidement, on a juste supprimé le dernier bandeau du bas, le bleu, ce qui fait un drapeau rouge et blanc. Anita