Notre périple Bolivien continue et de très belle façon. Adieu la Laguna Colorada et toute sa beauté, direction le nord. Tout d’abord ce fut une région de rochers plantés là dans ce désert, l’Arbol de Piedra est le plus célèbre mais tous ont une particularité. Ils sont plus que millénaire, façonnés et sculptés par le vent, le sable et le sel. Un peu plus loin c’est les Lagunas Chearcota, Hedionda, Honda et Cañapa qui nous ravissent encore de leurs couleurs et de leurs beautés extrêmes.Nous avons même assisté à un tourbillon d'eau sur la Lagune. Tiens ici il y en deux qui dorment, ne faisons pas de bruit ! et là un intrus ! que fait-il là ?
Nous voilà au contact de notre premier salar Bolivien, le Salar de Chiguana. C’est surprenant de voir autant de sel sur de telles distances. Seule la ligne de chemin de fer qui va vers la Chili traverse cette imensité. Ici la couche est moins épaisse qu’au Salar de Uyuni et de ce fait le blanc est moins rayonnant, néanmoins nous sommes quand même émerveillés. Le vent commence à souffler fort et quand nous arrivons au petit village de San Juan pour nous ravitailler au commerce local, nous essuyons une tempête de sable. Nous continuerons encore un peu pour rejoindre notre hôtel de sel à Attulcha. Oui un hôtel tout en sel, vous léchez les murs et vous avez soif…
Le lendemain c’est le départ à 5 heures du matin pour voir le lever du soleil sur le Salar de Uyuni. Personne ne rouspète et tout le monde est prêt à l’heure.
La veille au soir Andress a réparé le 4X4 qui avait une fuite sur le circuit hydraulique de la direction assistée. Il est courageux Andress car il avait roulé toute la journée et arrivé à l’hôtel il aurait bien souhaité un peu de repos. En plus faire une réparation dans cet environnement là, ça tient du miracle.
En route pour le lever du soleil qui, je dois être honnête m’a un peu déçu, je croyais voir une boule de feu rouge, comme tous les matins à Bira au Célèbes, mais là le soleil était tout de suite très fort, presque aveuglant. Nous avons quand même profité de cette lumière spéciale sur le salar et joué avec nos ombres.
Nous voilà donc sur une perle de notre planète, le Salar de Uyuni, imaginez deux fois le département d’Indre et Loire recouvert d’une couche de sel uniforme. Du blanc à l’infini, un silence funeste, de quoi méditer pendant des heures. De quoi aussi s’interroger sur la beauté de notre planète Terre. C’est vrai qu’elle est belle quand elle n’a pas subi les assauts de l’homme. Mais pour combien de temps encore pourront nous contempler ses immensités vierges ? Dessous ce plus grand salar du monde il y a aussi la plus grande réserve mondiale de lithium ! Vous comprenez tout de suite qu’un pays pauvre comme la Bolivie risque d’être un jour « acheté » par les plus grandes puissances du monde. Il en sera alors fini de ce paysage à couper le souffle.
Les distances ne sont plus perçues par l’homme car il n’y a plus de repère pour la perspective. Nous avons même pu voir sur l’horizon l’arrondi de la Terre. Ces effets de perspective nous ont amusés comme des fous. Nous avons fait plein de montages et c’était un moment de grande rigolade. Nous n’avons pas appris l’espagnol mais nous sommes assis dessus! Anita se la coulait douce sur sa brosse à dent, pendant que j’essayai de sortir de ma tasse de café. Après c’est carrément Anita qui est sorti de ma bouche, je ne sais pas se qu’elle y faisait ! Nous avons quand même pris le temps de poser avec notre logo et aussi avec nos compagnons d’aventure.
Nous sommes allés sur une île qui se situe presque au centre du salar, Isla Inca Wuasi. Nous avons été accueillis par deux lamas qui se trouvaient là, Anita a essayé de se faire copine avec l’un deux mais il lui a tourné le dos.
Sur cette île il y a pleins de cactus géants et nous avons eu la chance de les avoir en fleurs. Nous sommes montés péniblement (nous sommes quand même à 3650m) au sommet de cette île et là c’est « no comment ». Je vous joins une vidéo 360° de la vue mais la sensation que l’on a, je ne peux pas la transmettre, je la garde égoïstement pour moi.
Mais cet immense salar n’est pas qu’un terrain de jeux pour touristes en mal d’aventures. Il y a des gens qui y travaillent pour extraire le sel, un métier difficile, pas bien payé et dans des conditions de travail extrêmes, altitude, chaleur, vent, sel, outils rudimentaires…
Le sel ronge tout et nous avons visité le Cemienterio de Trenes à Uyuni, des dizaines de trains et locomotives qui finissent leurs vies ici. C’est assez impressionnant de voir toutes cette ferraille qui rouille sous le soleil.
Dans le village de Colchani, toute l’activité tourne autour du sel. Pas de photos des gens car ils ne le souhaitent pas, c’est comme ça en Bolivie et je respecte leur choix. Le village est très simple, avec des habitations de terre ou de sel, ici la fantaisie n’a pas sa place, la vie est rude et même si tout est blanc autour il y a du sombre dans leurs existences. J’ai pris cet enfant de loin, comme je l’ai fait dans beaucoup d’autres pays. J’aime bien faire cela car quand je regarderais de nouveau mes photos je m’interrogerais sur le devenir de chacun d’eux. Pour celui là, je crains que ce soit la répétition de ces ancêtres, un avenir un peu trop blanc….