Nous sommes partis de Sépilok pour rejoindre la rivière Kinabatangan. En fait c’est un fleuve car il se jette dans la mer de Soulou. Il peut avoir un fort débit après de fortes pluies et cela explique que ses berges sont larges et couvertes uniquement de terre. Au début je croyais que c’était la marée basse mais après j’ai vite compris que cette dénivelée était bien le niveau du fleuve qui était bas en ce moment. Pour l’embarcadère c’était assez folklo et casse figure car il n’y avait pas d’embarcadère justement. Juste deux planches de bois pour descendre au bateau, avec les sacs à dos pas évident…
Nous étions que cinq personnes pour aller faire cette sortie de trois jours deux nuits en jungle. J’avais choisi Uncle Tan comme organisme pour nous faire vivre cette aventure. Cela fait plus de vingt ans qu’ils font ce genre de prestation et ils avaient de bonnes critiques sur les forums. Je n’ai pas regretté car ils étaient parfaits, de bons guides qui connaissent bien la forêt et une bonne organisation. En plus ils sont très impliqués dans ce qu’ils font et sont très sympas. Arrivés au camp de base après 1h30 de bateau, c’est la découverte de l’hébergement. C’est un nouveau camp qui a été aménagé dans une partie de la forêt ou du
moins de la mangrove. Le décor est superbe, nous logerons dans un bungalow en bois, il est ouvert, pas de porte et seul un matelas est posé au sol avec une moustiquaire au
dessus. Nous serons quatre, nous partageons notre « chambre »avec Thibault un jeune français de 22 ans et un malais. Pas d’eau courante et électricité que le soir avec un petit groupe électrogène. Les toilettes sont au bout du camp, les lavabos sont là pour la déco car il faut se laver en prenant l’eau dans des bidons,
c’est l’eau de la rivière, elle est marron ! Cela fait bizarre de se laver à l’eau marron, on a l’impression de se salir, en fait ça lave quand même…
Pour les wc, l’explication est là !
Anita a eu du mal avec tout ça,
en plus le deuxième soir il pleuvait alors se laver sous la pluie ce n’est pas la
joie. Nous avons fait des safaris sur la rivière, de jour et de nuit. Cela nous a permis de voir des animaux qui viennent sur les bords du fleuve. Des oiseaux, des crocodiles
, des singes, des chats léopards et aussi des orangs outans. Mais j’y reviendrais plus tard.
Nous avons fait des trecks de jour et de nuit dans la forêt. Anita n’a pas voulu faire celui de nuit car il pleuvait et le terrain était très boueux. Pourtant pour moi, c’est mon meilleur souvenir car la nuit tout est différent, en plus il faisait nuit noire, la pluie, la boue et un bon guide qui nous montrait les oiseaux, les insectes
, les grenouilles, toujours avec respect de ses animaux, pas trop de lumière et pas longtemps. C’était une bonne sortie, cela m’a rappelé quelques souvenirs…
Alors tout serait parfait si j’arrêtais là mon récit. Mais je dois bien avouer que dans ce tableau de nature il y a une tache, une grosse tache qui me laisse un goût amer.
En fait je croyais que Bornéo était comme la Papouasie Nouvelle Guinée ou l’Amazonie, une terre de forêt vierge impénétrable, un de ces endroits où l’homme n’a pas encore laissé sa trace. Je pensais, car je l’ai appris à l’école que ces zones là étaient intouchables car vitales pour les hommes. Alors bien entendu je ne suis pas un demeuré et je savais aussi qu’il y avait de la déforestation et que ces espaces primaires étaient menacés. Mais à ce point, non !
Je rageais souvent devant la télé quand je regardais les émissions d’Arthus Bertrand qui nous montrait les misères écologiques de notre planète. Mais là, confronté à la réalité j’avais envie de pleurer.
Je vous explique. Le long du fleuve les plantations de palmiers ont pris la place de la forêt vierge. Les hommes ont laissé quelques enclaves de forêt mais entre ces enclaves il y a des plantations. Des corridors ont été créés le long de la rivière pour que les animaux puissent passer d’une enclave à l’autre. Des corridors de 10 à 20 mètres seulement, des bandes de forêt en quelque sorte. Seulement le fleuve creuse toujours d’avantage et réduit cette bande, les arbres tombent un à un, c’est incroyable ! Dans quelques années le mot enclave prendra sa vrai signification et les animaux seront parqués. Alors oui j’ai vu des orangs outans mais si vous regardez bien la photo, zoomez et vous allez les voirs les deux orangs outans,
vous constaterez ce que je vous ai décrit,il n'y a pas de forêt derrière, c’est très triste de voir comment nous les humains nous sommes à ce point destructeur.
L’huile de palme est partout, dans l’alimentation, les cosmétiques et d’autres produits transformés. Nous l’utilisons tous, nous sommes des moutons victimes de prédateurs qui nous dictent et nous imposent des choses que nous ne maîtrisons et connaissons pas. Nous sommes victimes du marketing et du pouvoir de l’argent, derrière toute cette attitude destructrice se cache des hommes puissants qui se moquent de nous, des orangs outans, de la faune et la flore de ces forêts, des essences naturelles qui disparaissent…..nous en paierons un jour le prix, un jour nous serons à la place des orangs outans !