Nous souhaitions nous rendre à Mingun qui est une ville de l’autre coté du fleuve. Seulement, soit il faut traverser en bateau, soit il faut faire un grand détour par le pont de Sagaing et remonter jusqu’à la ville, environ 25kms. Nous choisissons cette dernière solution même si nos fesses sont un peu douloureuses de la sortie en scooter de la veille. Les routes sont très chaotiques. En longeant l’Irrawaddy, c’est tout un livre qu’il faudrait écrire tellement il y a de choses à raconter. Du coté de la ville de Mandalay, c’est l’activité de transport de marchandises qui retient mon attention. Tout d’abord sur la route on voit toutes sortes de véhicules qui attirent mon objectif. La plupart ressemble à de très gros motoculteurs
auxquels on aurait rajouté une benne.
Ils font du bruit
mais paraissent robustes
car ils transportent souvent du poids. Au milieu de ce trafic un peu spécial il y a les cyclos- pousses et ces derniers sont doubles, c'est-à-dire que les passagers sont dos à dos.
A l’approche du fleuve nous posons le scooter et c’est à pied que nous déambulons dans cet autre monde. Oui c’est vraiment troublant tout ça, c’est presque un village, les gens travaillent là, dorment là, vivent en permanence sur le bord du fleuve dans la promiscuité et sans aucun confort.
Les habitations sont très sommaires
et les cochons vivent très près des hommes comme sur cette photo.
En bas, près de l’eau c’est le travail.
Il faut décharger les bateaux
et tout se fait à la main. Que ce soit les sacs de riz ou autre, tout est très lourd.
Le sable extrait de la rivière
est remonté avec des sceaux sur la tète des femmes.
Il en est de même pour les cailloux.
Les futs de pétrole sont roulés pour être embarqués,
ils sont rouillés et en mauvais état.
La pollution n’est pas le problème des pauvres gens et quand on est devant un tel spectacle on peut le comprendre.
Plus loin c’est d’autres futs qui seront chargés, je ne sais pas de quoi, seul la quantité m’impressionne.
Dans cette ambiance de travail hors du commun il y a quand même la place pour l’amusement et le jeu. Les enfants jouent dans les engins, c'est leur terrain de jeux.
Là ce sont des jeunes qui certainement ont fini leur travail et ils pratiquent ce qui semblerait être un billard mais sans les boules et les cannes.
Ils sont très adroits et le revêtement du jeu est hyper glissant. Plus loin c’est le combat de coqs, c’est très spectaculaire
et tout le monde regarde avec attention,
les paris sont en jeu. C'est en regardant ce spectacle que j'ai compiris ce que signifiait l'expression, "tordre le cou"
De temps à autre un garçon prend de l’eau dans sa bouche et vaporise les combattants. Ces derniers ne se laissent pas distraire, ils savent que leur vie en dépend. Un peu plus haut c’est le repas que l’on prépare
et on peut aussi se reposer un peu sur ces fauteuils de bambou.
Une femme se laisse prendre en photo après que j’ai échangé quelques mots et sourires avec elle.
Elle est comme beaucoup ici avec le visage recouvert de crème te Thanaka, faite en râpant l’écorce ou les racines de différents arbres. Ici dans la région de Sagaing c’est du shwebo. Cette crème est rafraichissante, protège du soleil et a un parfum de santal. Cette femme a également les lèvres et dents rouges suite à la mastication du bétel mélangé à de la chaux et de la noix d’arec. Cette dernière favorise la salivation mais procure cet aspect rougeâtre pas très engagent pour un baiser je dois bien l’avouer. Nous quittons ce lieu car je sens qu’Anita ne supporte pas bien cette ambiance ou se mélange la pauvreté, le dur labeur et les conditions de vie difficiles. Sur l'autre rive la vie semble moins dure mais ce n'est pas certain.
Plus loin c’est la construction d’un super bateau de croisière qui fait que je m’arrête.
Un paquebot avec un habitat tout en teck,
le pays est premier producteur. L’arrière est décoré avec les tètes de canards qui seront recouvertes de dorure.
Juste à coté les femmes font la lessive
et le linge sèche sur les berges ou étendu aux amarres du bateau. Là aussi un tableau assez insolite ou les contrastes sont frappants.
La route s’éloigne un peu du fleuve et de ce fait c’est la terre agricole que nous longeons. Dans cette plaine c’est la récolte des pastèques
et du maïs. Encore du traditionnel puisque c’est les chars à bœufs qui sont utilisés.
La plaine parait fertile, je pense qu’elle doit profiter des alluvions laissés par le fleuve au moment de la mousson.
Après avoir profité de ces belles scènes de récolte nous arrivons au pont que nous traversons pour remonter vers Migun. De ce coté du fleuve l’ambiance est différente, c’est plus « bord de Loire »!
Les bancs de sables donnent un bel aspect sauvage, avec les oiseaux dessus c’est assez magique.
En route nous voyons très souvent dans les villages des points d’eau potable. Ce sont des pots en terre contenant de l’eau et des timbales sont posées pour permettre à qui à soif de boire.
A Migun pas grand chose à voir car le seul monument est une ruine. Non je m’exprime mal, en fait c’est une pagode inachevée.
En 1790 le roi Bowopaya à pour ambition de construire la pagode la plus haute du monde. Ce sont des milliers d’esclaves qui ont travaillé à la construction et à la mort du roi en 1819, tout c’est arrêté, fort heureusement. C’est bien là l’exemple de la démesure et de la vanité des hommes, ça existe encore aujourd’hui ! Nous aurions pu prendre le taxi local
pour nous déplacer jusqu’à la cloche mais nous l’avons fait à pied. Cette cloche est la plus grosse du monde après celle de Moscou. 4 mètres de haut pour 5 mètres de diamètre et 90 tonnes de poids. Elle a été fondue en 1808 et pour que ce soit une pièce unique son artisan fondeur fut exécuté. J’ai apposé notre logo sur la cloche pour la photo,
il parait bien petit. Au retour, nous sommes arrivés sur Mandalay à la nuit et nous avons fait une visite à la pagode Mahamuni qui est parmi les plus vénérées du Myanmar.
Elle est très belle et finalement de la voir à la nuit n’était pas voulu mais ce n’était pas si mal que ça.
Notre journée le long de l’Irrawanddy était terminée mais pas vraiment car encore le soir et la nuit des images flottaient dans ma tète...
Pascal