Quand nous étions sortis du bus à la gare de Kinmon (le camp de base du Rocher d’Or), on nous a fait comprendre que pour repartir il fallait se présenter encore ici. Fallait-il réserver le bus pour aller à Hpa-An ? Non, pas nécessaire, le bus partirait à 9.00 du matin. Après la visite du fameux rocher, nous sommes quand même revenus à la gare demander s’il ne fallait vraiment pas réserver. Non, non, bus le lendemain à 9.00 heures. Nous étions bien logés, des petits bungalows jumelés, une vrai douche, pas juste une poire au-dessus des toilettes, mais bon, pas tout le temps de l’eau chaude. On n’en a pas tant profité puisqu’il fallait prendre le bus le matin suivant. Arrivé à la gare en voulant acheter notre billet, le gars nous dit que le bus de 9.00 était déjà plein, parce qu’il aurait fallu réserver…… Prochain bus à 12.30 heures. Bon on réserve donc, et il nous reste juste 4 heures à tuer. Nous faisons donc un tour dans le village en regardant les commerces locaux, ainsi que les marchands de rue comme cette vendeuse de poulet gingembre
ou de bois de santal.
Les environs sont toujours aussi pollués, surtout dans lit de la rivière, où les cochons cherchent à manger dans les détritus.
Sans doute nos pays soit disant développés produisent plus de pollution que les pays en développement mais elle est mois visible. Depuis que nous voyageons nous sommes à chaque fois effarés de constater que les gens vivent sur une poubelle géante. C’était déjà le cas en Guadeloupe il y 30 ans, (pourtant une partie de France) et c’est le cas en Asie, ainsi qu’en Amérique du Sud. Nous revenons à la gare qui en même temps fait office de restaurant, bar, hôtel pour manger avant le départ. Pendant notre repas un bus arrive rempli d’un peuple des montagnes. Le monsieur du resto nous explique que ces gens ont voyagé pendant deux jours pour venir en pèlerinage au Rocher. Pascal prend des photos et tout le monde s’y prête facilement, surtout quand on leur montre la photo.
On regrette de ne pas avoir un polaroïd afin de pouvoir leur donner leur photo. Une dame veut poser pour Pascal mais elle veut d’abord mettre ses plus beaux habits, elle se serait presque complètement changée devant tout le monde, mais son mari n’avait pas l’air d’accord, donc elle a juste pu mettre une belle veste.
Tout le monde prendra ses plus beaux atouts pour honorer Bouddha là haut. Notre bus arrive et on embarque, bus très local avec télé et un moine qui nous lit des textes sacrés pendant deux heures au moins. Lieu sacré oblige. Ensuite nous avons quelques clips à l’eau de rose et après des comiques locaux, genre clowns burlesques. Tout le monde est plié dans le bus, même nous arrivons à comprendre les gags…Nous devons changer de bus en cours de route. En descendant si j’ai bien compris le bus est parti sous nos yeux. Un tuktuk nous propose de le rattraper en route. On fait deux mêtres et finalement, non, il nous dit de monter dans un pickup qui prendra le même chemin, il faut juste attendre qu’il se remplisse. En attendant les gens viennent proposer
de quoi manger un peu.
A bout d’une demi-heure nous revoilà parti avec des locaux.
Il ne reste pas beaucoup de km, donc on devrait bientôt arriver.
Notre chauffeur a l’air de s’endormir il ne roule vraiment pas vite. Il fait une halte et disparaît pour quelques temps, nous attendons plus d’une demi heure et il ne revient jamais ! Nous avons le temps de voir l'activité de la ville!
Avec nous quelques locaux qui ne sont pas très contents non plus et sont embêtés pour nous. Le comparse du chauffeur, (celui qui récolte l’argent) n’a pas l’air de croire qu’il revienne non plus et affrète, au passage, un autre pick-up pour nous tous (il paye notre part). Le voyage reprend. Seul hic, l’autre avait l’air de connaître notre hôtel et de comprendre un peu l’anglais tandis que celui-ci pas du tout. En rentrant dans la ville on essaye avec tous les passagers si quelqu’un connaît notre hôtel. Ils nous arrêtent au premier hôtel de la ville, mais ce n’est pas le notre. Tout le monde a l’air embêté, qu’est ce qu’ils vont faire de nous ? Nous discutons entre nous de ce problème bien sûr et on lâche le nom de la guesthouse où doivent se trouver nos amis Clotilde et Yannick qu’on doit retrouver dans cette ville. En entendant le nom de cette guesthouse, tous le monde est content, celui-là ils connaissent, ils ont donc décidé de nous amener là. Je me dis qu’après tout c’est peut-être une bonne idée. Sans doute ils parlent anglais et pourront expliquer le chemin vers notre hôtel. Effectivement on nous dépose devant. Pascal reste avec les bagages dans le pick-up, tandis que j’amène le collègue pour lui faire expliquer où on doit aller. Il a bien compris, mais le chauffeur n’a aucune intention de revenir sur ses pas pour nous déposer, on n’a qu’a prendre un taxi, d’ailleurs deux jeunes taxi motos sont prêts à nous emmener. Nous refusons d’abord, mais nous comprenons vite qu’il vaut mieux accepter, parce que la voiture restera sur place tant que nous serons dedans. On perd forcément à ce jeu-là. Apres avoir négocié le prix, nous voilà repartis, chacun derrière notre chauffeur qui a notre gros sac entre les jambes devant. Mon chauffeur n’est pas assez rapide et perd la trace de son collègue et je m’aperçois rapidement qu’il ne connaît pas le chemin. Nous voilà perdu. Seul moyen de savoir où il faut aller, revenir au point de départ, redemander à la guesthouse d’expliquer à nouveau où se trouve notre hôtel. Ils sont sympas quand même, parce qu’après tout on logera chez la concurrence. Bon enfin nous arrivons au même endroit un quart d’heure après où Pascal commence à s’inquiéter. Tout fini bien, nous avons juste mis 6 heures pour faire 190 km….Mais nous ne sommes pas pressés n’est-ce pas ?
Nous sommes dans un très bon hôtel, un peu à l’écart de la ville. Dans la chambre une signalisation un peu particulière mais tout est parfait. Le lendemain de notre arrivée nous avons loué une moto et sommes partis pour explorer la région qui est vraiment très belle. Ici nous retrouvons des formations rocheuses karstiques lesquelles sont si particulières en Asie,
comme la baie d’Along, où le rocher du James Bond (Phang Na en Thaïlande). Bien sûr nous ne pouvons échapper aux visites de pagodes, mais il est vrai que c’est différent ici,
dans ce beau paysage
avec, surprise, des rizières vertes.
Nous croisons aussi beaucoup de convois insolites.
Dans la région certaines maisons modestes sont recouvertes de feuilles de teck.
Beaucoup de pagodes se trouvent dans et autour des grottes naturelles ou bien au pied des monts karstiques. Par exemple le jardin Lumbrini au pied du mont Zwe Ga Bin. Je m’attendais à des fleurs ou des arbres, mais non, le jardin est entièrement composée d’un millier de bouddhas
tous alignés en plusieurs rangées.
A propos de ce mont, que nos amis Clotilde et Yannick ont eu le courage de grimper (J’ai poliment refusé de les accompagner), en escaladant je ne sais combien de marches pendant deux heures, il se trouve que ce week-end est célébré le festival annuel sur le mont et des milliers de fidèles vont faire l’ascension. Pour préparer cet évènement, les moines de la pagode au bout de notre rue nous font grâce de nous lire des textes sacrés 24 heures par jour, 7 jours durant avant le fameux pèlerinage, c'est-à-dire que nous sommes bercés jour et nuit depuis que nous sommes là. Et on peut vous assurer que ce n’est pas une bande enregistrée, plusieurs moines se relaient et lisent dans le micro qui est branché sur deux grand haut-parleurs, enfin que tous le monde puissent entendre de partout, surtout dans l’hôtel je dois dire. Bon continuons notre escapade en moto qui a duré deux jours durant laquelle nous avons bien fait 180 km. Mes fesses s’en souviennent. Plusieurs temples insolites, dans des grottes. Celui de Saddar était superbe avec ses tablettes votives.
En sortant
sur un petit lac que nous avons traversé en sampa,
nous sommes passés sous le rocher.
C’était paisible et magnifique dans le soleil avec ce paysage.
Ensuite nous avons regagné l’entrée par un chemin longeant des rizières, des femmes rentraient de la pêche.
Ya-Thay-Pyan était bien aussi, pas seulement pour la pagode mais surtout pour la baignade des singes. Les macaques s’amusaient dans l’eau et nageaient en plongeant pour ensuite arriver en face du copain et de le pousser sous l’eau comme des enfants qui s’amusent à la piscine.
Jamais nous n’avions vu cela, je pensais que les singes nageaient uniquement quand ils étaient obligés, mais là on voyait clairement que cela leurs faisait plaisir. Une autre grotte qu’il faut mentionner est la grotte de Kaw-Gon. Les parois sont entièrement tapissées de tablettes votives d’argile.
Epousant la roche elles désignent des paysages ou des profils de pagodes. Vraiment très différents des autres. On pouvait monter sur la colline au dessus, où se trouvaient encore un stupa et un promontoire avec une belle vue.
C’est Pascal qui est monté faire les photos, j’ai eu la flemme de monter des marches, je l’avoue. En sortant d’une des visites de pagodes et de grottes une jeune fille nous a interpellés. Elle était en moto aussi avec une copine. Elle nous a demandé si nous voulions bien venir à sa maison. Pourquoi pas ? Nous l’avons donc suivi. Elle habite une maison neuve, en dur, tout carrelé et vide. Ses parents n’étaient pas là. Elle nous a donné des chaises pour s’assoir, elle-même s’est assise au sol. Elle nous a demandé si nous avions soif, ou faim. Nous a dit que nous pouvions rester dormir ce soir, et nous a posé autant de questions qu’elle était capable dans son anglais. Comme par exemple quel âge nous avions. A ma réponse elle s’est exclamée que c’était très vieux, elle-même n’a que 17 ans, donc effectivement…Nous l’avons remercié pour son accueil et voulions partir, et là elle a voulu me faire un cadeau. Elle est allée chercher une tunique traditionnelle de son peuple Karen. Elle voulait à tout prix me l’offrir. J’ai voulu lui donner quelque chose aussi, mais elle n’a pas voulu échanger contre ma chemise par exemple, elle ne voulait rien d’ailleurs, juste me faire ce cadeau. J’ai quand même voulu lui donner quelque chose en retour. Nous avions pris des paréos s’il fallait se couvrir pour les visites des pagodes, et je lui ai donc donné un paréo de la Nouvelle Calédonie. Nous sommes prises en photo ensemble.
Ce qu’elle m’a offert est vraiment très beau. C’est émouvant de voir comment les gens sont contents de nous voir, sans rien demander en retour même quand on leurs demande de prendre des photos, ils sont juste contents. On voit qu’ils ne sont pas encore blasés des touristes au contraire. Il y en a très peu il faut dire, surtout en moto comme nous. Nous n’avons vu aucun autre européen en moto pendant notre séjour ici et tout le monde est surpris de nous voir passer, et nous sourit, lève la main, nous fait des « mingalaba ». Le soleil se couche sur les paysages karstiques et nous continuerons demain plus au sud.
Anita