Ce matin là, je me suis levé plus tôt pour m’imprégner de la lumière matinale et de toute la sérénité qu’elle procure. Le chat avait peut être la même idée que moi, devant le lac si calme il fixait du regard je ne sais quoi, mais il n’était pas en action de chasse. Moi non plus d’ailleurs, mes yeux se perdaient entre le V que forment les montagnes et mes pensées s’évadaient au travers de cette faille sur l’horizon. La journée avait de ce fait bien commencé. Elle s’est déroulée doucement, rien de bien prévu ou imposé. Juste envie de revenir voir les 12 derniers kilomètres que nous avions faits la veille sous une pluie battante. Nous sommes d’abord passé à Kota Baru car c’était jour de marché et nous voulions acheter quelques produits pour que Zul notre cuisinier à la guesthouse nous les prépare le soir. Nous avons pris des avocats, ici il y en a beaucoup et de très bons, des tomates et un produit que l’on n’avait pas envisagé. L’occasion faisant le larron, ce sont des écrevisses du lac que nous avons achetées. Nous avons ramené tout cela à notre « Master Chef » et nous lui avons laissé toutes les initiatives pour la préparation. Nous voilà repartis pour une virée de plus, ce soir nous savons de quoi sera fait le diner. Nous avons orienté notre balade sur les maisons de style Minangkabau.
Ce sont des constructions dont le faîtage des toits est pointé vers le ciel en forme de cornes de buffles.
Certaines sont bien entretenues
et sont très belles mais il y en a peu. Les plus anciennes en bois
sont souvent en mauvais état et c’est bien dommage. Il y en a d’autres qui ne sont pas avec le toit Minangkabau mais qui témoignent quand même d’un autre style de construction.
Tout comme « House of Annisa » qui est une splendide villa hollandaise.
Elle fait guesthouse et même si nous n‘avons pas logé là, nous avons pu la visiter et l’intérieur est très beau comme ce lit à baldaquin en cuivre.
Nous avons continué de longer le lac avec toujours des vues sur les cultures, qu’elles soient aquacoles
ou terrestres. Ces dernières avec les nuances de vert des riz en terrasses sur fond de cocotiers, sont des tableaux dont je ne me lasse pas.
Au bord de la route une vielle dame faisait sécher les clous de girofle et bien que déjà vu auparavant, c’est pour l’odeur que nous nous sommes arrêtés, là non plus je ne me lasse pas de sentir toutes ces épices. En discutant ou du moins en échangeant quelques mots et gestes, nous comprenons que l’arbre qui donne le clou de girofle est juste là. C’est par contre la première fois que je le voyais. Je suis surpris de constater que c’est un grand arbre avec une quantité de fruits. Quand le clou est vert,
il ne sent pas trop mais si on l’ouvre il dégage son parfum si caractéristique. Ce dernier est renforcé au séchage. Au bord du lac nous avons vu des « water monitor », sorte de très gros lézards qui vont dans l’eau. Ils ne sont pas méchants mais ils impressionnent quand même, surtout si vous le voyez dans l’eau.
Mais si ce reptile a la chance d’être en totale liberté, ce n’est pas le sort de ce macaque à queue courte.
Ces singes sont utilisés pour aller chercher les noix de coco. Ils sont dressés pour cela et malheureusement restent pour leur vie avec un fil à la patte. Nous en avons croisés trois dans la même journée ce qui me laisse penser que c’est une pratique assez répandue. Les gens feraient mieux d’apprendre à grimper aux cocotiers que de laisser ces pauvres animaux en captivité alors qu’il y a toutes ces belles forêts tropicales autour. Mais là encore l’homme prédateur à l’emprise sur l’animal. En rentrant à la guestouse
nous avons fait une photo avec Harys qui est guide et Zul.
Nous n’avons pas utilisé les services d’Harys, nous avons fait par nous même avec la moto. Néanmoins nous avons discuté avec lui et il nous a donné des conseils et appris des choses sur son pays et la nature. Zul avait préparé le repas avec tout le savoir faire dont il dispose. Il avait aussi ajouté une touche de présentation et tout ceci était fort appréciable.
Les écrevisses
ont redonné l’appétit à Anita qui l’avait perdu. Je voudrais dire combien ces deux garçons étaient serviables et agréables. Cette guesthouse Arlen Nova’s Paradise n’est certes pas le paradis qu’elle mentionne, le temps est passé depuis. Il est évident que les finances manquent pour maintenir un bon entretien de l’ensemble. Néanmoins l’emplacement sur le lac
est surement le meilleur.
La volonté de bien faire des garçons a gommé les imperfections. Ce matin c’est la lumière du jour qui me faisait m’évader et le soir, alors que les derniers pêcheurs tiraient leurs filets,
je m’interrogeais justement sur la vie de ces gens là qui m’entouraient. Demain nous serons ailleurs et nous verrons d’autres choses, nos vies ne sont pas exigües, nous avons souvent la possibilité de faire des choix. Mais ces gens là n’ont souvent pas d’autres horizons que ce V des deux montagnes et parfois le ciel y est bien sombre.
Pascal