Nous sommes revenus du Mulu National Park à Miri, pour une nuit.
Rien d’extraordinaire à dire sur Miri, à part peut-être le restaurant où nous avons mangé le soir ; spécialité fruits de mer et poissons. Et autre chose….Des cuisses de grenouille, mais pas comme nous les connaissons en France. Celles-ci ont une autre dimension. Des grenouilles taureaux. Tout est vivant dans des aquariums, les grenouilles également. Elles nous regardent méchamment à travers la vitre (je les comprends !) et sont plutôt agressives. Quand on passe la main au dessus, elles sautent en hauteur pour attaquer. Je vous assure que nous n’avons vraiment pas envie de les manger, nous nous sommes contentés de crabes.
Le lendemain départ pour Sibu par bus, bien sûr la gare routière se trouve encore en dehors de la ville et il faut prendre un « teksi » Les rabatteurs des bus nous tombent dessus, ils n’ont pas beaucoup de clients en ce moment. Ils nous arrachent presque nos bagages pour les embarquer. Nous avons pris le premier qui part et qui fait 10 RM de moins que le prochain. Apparemment il est plus lent aussi, nous avons quand même mis 8 heures et demie, mais avec des arrêts réguliers et un changement de chauffeur, ce qui est rare.
Un des chauffeurs ressemble comme deux goûtes d’eau à un orang outan, des cheveux roux et tout ! Je n’ai pas osé le prendre en photo, mais j’ai trouvé ça très attendrissant.
Nous sommes restés deux jours à Sibu pour se reposer un peu. La mascotte de Sibu est le cygne. La statue se trouve en face de notre hôtel. Il est un peu décrépi. Selon le « Lonely Planet », la ville a plus du vilain petit canard. C’est vrai que ce n’est pas extraordinaire, mais peu de villes le sont dans ce pays. Les gens sont très gentils par contre, sans doute parce qu’ils ne voient que peu de touristes et ne sont pas encore blasés. Nous avons rien fait de spécial non plus, une visite au temple chinois et la pagode de 7 étages
. Pour cela il faut demander la clé en bas à l’accueil. A notre retour nous avons eu « la chance » de tomber sur le gardien du temple depuis plus de 30 ans ; Tan Tek Chiang (il est mentionné dans le Lonely). Nous étions un peu fatigués et comptions repartir faire une sieste, raté, nous avons suivi un cours détaillé sur le Yin et le Yen pendant une heure et demi. A chaque fois il demandait à Pascal s’il avait bien compris (Pascal s’endormait sur place presque). Il nous a donné pleins de choses, pour soutenir ses explications. Il voulait même m’offrir un petit chaudron en laiton. J’ai du refuser, parce que trop lourd dans le sac à dos. Impossible de partir de là. Il a embrayé sur la différence entre le taoïsme et le bouddhisme. Je le suspecte fortement d’en inventer pas mal aussi pour pimenter un peu le récit. Nous avons insisté qu’il fallait partir, mais pas sans emmener une bouteille de thé médicinale. Après cela nous avons mangé (15 heures de l’après-midi avec rien dans le ventre depuis le petit dèj) pour s’en remettre. Mais c’était pas mal quand même, c’est une figure emblématique, médaillé par la ville pour la promotion du tourisme. Incontournable donc.
Le lendemain départ pour Sibu par bateau (durée 4 heures et demi). Il a beaucoup de trafic de bois sur le fleuve. Cela fait un peu peur de voir tous ce bois coupé, y a t-il une gestion derrière? Replantation, peut être, mais de quoi?
La rivière est large et très marron. La couleur change en s’approchant de la mer de Chine. Nous restons tout le voyage dehors. En milieu du parcours on nous propose des boissons et des grignotages comme des cacahuètes. Plusieurs personnes en achètent. En voilà un face à mois qui après avoir fini de consommer, jette sa canette à mer. Je le regarde d’un sale œil et lui fait des gestes comme quoi ça ne se fait pas. Il me regarde sans comprendre. Dix minutes après, en voila un autre, sachet de cacahuètes vide et canette à la mer. La je suis en colère et je me déplace au bout du bateau où il se trouve, et je l’engueule vertement. Je dois hurler contre le vent d’ailleurs. Il me regarde sans expression et ne voit vraiment pas pourquoi je m’excite de la sorte. Nous avons gardé tous nos déchets dans une poche avec nous. Pascal regarde s’il y bien une poubelle à bord. Il y en a, et nous mettons donc nos affaires dedans. On arrive à destination. Tout le monde récupère ces bagages. Nous sommes des derniers à partir. Et voilà. Un des gars du bateau prend la poubelle pleine et la vide devant mes yeux dans la mer ……………Je suis sciée sur place. Je lui dis, » ce n’est pas vrai que vous videz la poubelle dans la mer ? ». Il me regarde et dit » oui », pas de problème pour lui. Un visage sans expression encore. Je suis terriblement en colère et dégoûtée. On prend un « teksi », un vieux chauffeur qui n’arrête pas de racler sa gorge et le cracher par la fenêtre. Là je n’en peux plus. D’ailleurs tout le monde va en prendre ensuite. Le chauffeur n’a pas la monnaie quand nous arrivons et a le culot de me dire que je n’ai qu’à acheter quelque chose pour la faire. Certainement pas, si tu veux tes sous mon gars, tu la fais ta monnaie. GH recommandé par le Lonely ; Je vais voir la chambre, Pascal reste en bas. Bon il y a une fenêtre et une douche, WC dans le couloir. Mais le lit est défait. Donc ok pour la chambre mais à condition de refaire le lit avec des draps propre. J’avoue que je ne suis pas aimable. Une fois vraiment dans la chambre, je me rends compte qu’il y a pleins de trucs sales sous le lit, et que la douche n’est pas rutilant non plus. Nous sortons et je fais la remarque au jeune à l’accueil. « Si vous voulez je peux monter nettoyer la chambre pendant que vous sortez » « Il me semble qu’il fallait faire ça avant ! Je ne sais pas si on va rester. Et non, nous ne restons pas. Nous trouvons beaucoup mieux au bout de la rue, un peu plus cher, mais propre au moins.
Quoi dire après cette journée ? Quoi dire de ce pays ? Ce pays est un exemple monumental de la bêtise humaine dans toute sa splendeur. Quand je vois tout ça, je ne crois absolument pas qu’on puisse encore sauver cette planète.
« The traveller sees what he sees, the tourist sees what he comes to see »(Le voyageur voit ce qu’il voit, et le touriste voit ce qu’il veut voir)
Gilbert K. Chesterton
Anita