Départ de bonne heure pour rejoindre Kinmon qui est le camp de base pour aller là haut, à Kyaik-hti-yo. Oui d’accord mais il y a quoi là haut ? Et bien c’est perché dans la montagne, que se trouve le Golden Rock, le Rocher d’Or pour les non anglophones. Un des lieux les plus sacrés du bouddhisme, avec la pagode Shwedagon à Yangon. Pour les bouddhistes c’est une étape essentielle dans son itinéraire religieux. Ce gros rocher en forme de boite crânienne est entièrement recouvert de feuilles d’or et se trouve en équilibre au bord du précipice. Pour y accéder un service de camion est organisé, tout le monde dans la benne assis sur des bancs. C’est comme dans la chanson de Patrick Sébastien, « Ha ! Qu'est-ce qu'on est serré, au fond de cette boite, chantent les sardines …».
En plus de ça il y a de la dénivelé pour arriver à 1100 mètres et heureusement que les camions sont en bon état. Je dois quand même avouer que je n’étais pas trop rassuré car en voyant les pentes qu’il fallait gravir en montant, je m’inquiétais un peu pour la descente. L’autre aspect un peu contraignant de ce transport est qu’il faut rentabiliser au maximum et le camion ne part que quand il est archi-plein. Il faut payer à l’aller et aussi au retour. Au lieu de faire des billets aller-retour, on paye dans le camion en cours de route. Il fait un arrêt à un poste d’enregistrement des entrées. Pas très pratique tout ça mais très juteux pour le chiffre d’affaire. Arrivés là haut, l’air est très bon et le panorama superbe. On doit ensuite finir à pied les derniers kilomètres qui se font très bien. Du moins pour nous les touristes car pour les porteurs ce n’est pas si facile.
Il faut acheminer toutes les vivres,
matériels et autres avec portage sur les épaules.
Un métier là encore très difficile. Le poids, le soleil et la dénivelé sont des ingrédients qui rendent la tache épuisante. Il y a aussi les porteurs de personnes,
certains ne pouvant pas marcher ou étant tout simplement un peu paresseux...surtout du coté des chinois! Souvent se sont des personnes qui ont de l’embonpoint, ce qui n’aide pas.
Toute une logistique est mise en place pour accueillir les touristes et les pèlerins locaux,
les restaurants, hôtels, dortoirs (que pour les pélerins) et autres boutiques constituent un vrai village.
Certaines familles ont tendu des couvertures pour la journée et même la nuit.
En approchant du rocher, une grande esplanade carrelée avec stupas, oratoires et bâtiments pour recevoir les pèlerins. Nous marchons pieds nus et il faut sélectionner la couleur des carreaux pour poser les pieds sans quoi on a vite fait de se bruler la voute plantaire. Et puis le voilà ! Le Rocher d’Or.
J’ai trouvé cela impressionnant, je ne sais pas si c’est la dorure ou le coté spirituel mais ça m’a plu. Anita elle n’a pas apprécié. Il faut dire que les femmes ne doivent pas approcher le Rocher et n’ont pas accès à tous les endroits. Seuls les hommes peuvent aller toucher le Roc.
J’ai de ce fait encore eu droit aux conditions des femmes dans les religions et aussi dans la société! Les boites pour les donations étaient bien pleines,
chacun faisant son geste pour mériter un jour le nirvana. Nous sommes ensuite descendus de quelques « étages » car j’aime bien voir l’envers du décor. Vu d’en bas on constate que la vie est toute autre, celle d’un village avec des constructions de fortunes à flanc de montagne.
C’est aussi là que nous avons vu le plus de commerces un peu spéciaux. Des sortes de boutiques qui « purifient corps et esprit », entre magie et sorcellerie. Mais le plus triste est que l’on y vend des cranes de singes, des pattes d’ours, de l’huile d’éléphants et bien d’autres produits tous plus glauques les uns que les autres. Les photos sont interdites et pour cause. Nous avons marché un peu ensuite sur la ligne de crête pour observer ce beau panorama
et ensuite le camion a replongé vers le camp de base et dans ma tète je chantais : « Ha ! Qu'est-ce qu'on est serré, au fond de cette boite, chantent les sardines …».
Pascal