Nous sommes le 12 septembre, une semaine de passé à Bira et tout à changé pour le mieux.
Le week-end dernier (3 septembre), en nous promenant sur la plage nous avons croisé un jeune couple. Comme il y a tellement peu de touristes, on se parle entre nous dès que l’on en aperçoit un. C’est une sorte de solidarité quand on est loin de tout. Le touriste en Europe ne parle pas à n’importe qui, mais à l’autre bout du monde ça change.
Nous nous disons donc bonjour (in english of course !) Il s’avère que ces jeunes anglais parlent un français parfait, ils ont travaillé en Afrique francophone. Je leur fait part de ma déception du lieu, et ils affirment avoir eu le même sentiment. Mais ils ont trouvé un petit paradis pas loin d’ici, sur la plage de l’est (Pantai Timur) à Kaluku Kafé. Ils ont loué pour la nuit suivante. Il y a que deux bungalows, ça se trouve dans un petit village de pêcheurs et c’est paraît-il paradisiaque. Maintenant je me méfie du « paradisiaque », mais venant des gens qui ont fait l’Afrique et habitent à Jakarta, ça vaut le coup d’aller voir sans doute.
Par contre ce sera le lendemain, il fait déjà nuit (18H30 heures) et il faut marcher pendant 3 kms environ. Nous mangeons dans un restaurant avec vue sur la plage. A côté de nous un couple de français de notre âge (de Narbonne). Pascal leur demande où ils logent. Pas loin, pas mal, mais ici il y a trop de monde (nous sommes d’accord). Par contre demain ils iront sur l’autre plage à Kaluku Kafé, un petit paradis, ils ont pris le dernier bungalow. Décidément, il faut que nous voyions cela.
Le lendemain donc nous sommes partis avec Marion pour voir ça. Nous passons le port, après nous passons sur la plage. Le sable est blanc, la mer est bleue, il y a des cocotiers, ok, mais il y a aussi du papier et bouteilles en plastique qui traînent partout et des tombes!
Comme dans beaucoup de pays tropicaux dans les villages de pêcheurs on enterre ses morts sur la plage (pour la pêche éternelle). En Guadeloupe c’est comme ça, à Madagascar aussi. Ici c’est musulman, on le voit aux tombes. Mais entre des tombes il y a pleins d’immondices aussi, pas très respectueux des morts je trouve.
Nous longeons la plage et ne trouvons pas ce que nous recherchons, pas de Kaluku Kafé en vue. A la fin de la plage il y une construction de gros bateaux en bois. Nous avions lu que les gens ici étaient des spécialistes pour ça. La construction se fait pratiquement sans plans, la longueur et largeur du bateau ne sera connu exactement quand il est achevé, ça dépend de la longueur des planches. C’est un travail magnifique, ça fait penser aux bateaux de corsaires. C’est très impressionnant et tout est fait avec des outils rudimentaires.
Ils font des planches directement dans les troncs d’arbres avec une tronçonneuse (elles sont droites !). L’étanchéité entre les planches est faite avec une fibre laquelle ressemble fortement au niaouli (je pensais qu’il n’y en avait qu’en Nouvelle Calédonie !). C’est bien ce chantier, mais ça représente beaucoup d’arbres de bois exotique à couper !
A côté du chantier se trouve une maison de bois et de bambou très jolie sur la plage. Un petit garçon interpelle Marion et demande si nous voulons boire quelque chose. Nous demandons un thé. Sa maman vient nous servir. Elle est très jolie et parle anglais. Le garçon s’appelle Deonardo et respire la malice et l’intelligence. Lui aussi sait dire quelques mots en anglais, mais après il bavarde surtout avec Marion en Indonésien. Ils ont l’air de bien s’entendre tous les deux.
Pascal fait des photos autour et moi je parle avec la maman de Deonardo. Elle me raconte que son mari fait faire des canoës en bois massif qu’il exportera en Belgique. Qu’est-ce qu’on peut bien faire avec ça en Europe ? Des canoës avec balanciers ? Pour les loisirs ? Pas facile à transporter sur une voiture, ça pèse combien ?
Marion nous rejoint et dit que je suis Blanda (hollandaise), la fille répond que son mari aussi. Ah bon ! Il n’est pas là bien sûr ? Si, il est dans la maison. Bon j’aimerais bien le renconter quand même. On peut se trouver au bout du monde, on trouvera toujours un hollandais qui traîne quelque part. Ça s’avère vrai encore une fois. Nous faisons donc connaissance avec Bartho Effectivement il fera son premier container avec des canoës et un complément de tables massives pour le port d’Anvers (moins chers que Rotterdam) pour ensuite les vendre en Hollande. Il y aurait de l’intérêt. La coque est massive et donc non démontable, mais le reste, le balancier et mat se démontent. Il est vrai qu’en Hollande la voile se pratique beaucoup sur les lacs, il y a d’ailleurs de très beaux bateaux traditionnels frises en bois aussi. Il y a peut-être un marché. En tout cas ils sont magnifiques, je lui souhaite que ça marche.
Ils habitent effectivement un endroit magnifique, au bout de plage, directement sur le sable avec la mer à 3 m quand elle est à marée haute. Par contre la journée il y a le bruit des marteaux et les tronçonneuses, mais c’est le business. Bartho me dit que Mélissa (sa femme) voudrait faire une pizzeria (la pizza est exotique en Asie). Ils arrivent à en faire dans un four à mettre sur le gaz. Pour le moment c’est lui le cuisinier. Il fait aussi des spaghettis bolognaise, des lasagnes et des plats plus locaux. Nous décidons de rester manger et de goûter son Fu Young Hai. Après le repas Deonardo nous accompagne pour nous amener à Kaluku Kafé, parce que nous sommes passés devant sans le voir.
Finalement c’était en plein milieu du petit village. Il y a un jeune qui parle bien anglais et nous visitons les deux bungalows (nous revoyons les Narbonnais). Nous avions prévu de rester plus de 10 jours, donc il faut un peu d’espace quand même. Maintenant si nous pouvions avoir internet en plus dans le village ce serait le top ! Pascal avait lu sur une GH (Sallassa) où on devrait avoir internet et en plus on y mangerait très bien. Le soir de notre arrivée nous y étions allés. Il n’y avait pas grand monde, une jeune fille nous avait dit, que l’internet était parti, mais devrait revenir le lendemain. Bizarre, mais je pensais qu’elle voulait dire que c’était tombé en panne et que ce devrait être réparé le lendemain. Finalement le propriétaire était parti pendant les vacances scolaires et avait remporté son pc portable sur lequel il reçoit internet par un modem, une clé 3G. Ça nous donne donc une possibilité de communication avec la famille et les amis au moins par le mail et nous espérons pouvoir alimenter le blog de temps en temps.
Le lendemain nous arrivons donc au Kaluku Kafé avec nos sacs à dos avec un transport très local. Un petit minibus complètement défoncé, mais il nous transporte. Vu l’état de la route on comprend l’état de la voiture. Nous prenons possession de notre chambre, une grande pièce claire, avec deux lits, une salle de bain avec douche à eau froide. L’eau vient d’un grand bidon qu’on fait livrer, elle est précieuse ici. Pas de chasse d’eau, mais une grande poubelle remplie d’eau avec une gamelle pour passer l’eau dans les WC.
Comme la chambre n’a pas encore été nettoyée, on fait un tour sur la plage. C’est dimanche, il y une famille entière (environ 30 personnes, 4 générations) qui fait du pique nique sur la plage. Une énorme gamelle de riz, du poisson, du sambal, des légumes. Ils veulent à tout prix que nous restons manger avec eux. Le fait que Marion parle Indonésien aide bien pour la conversation, mais il y en a deux ou trois qui parlent un peu anglais aussi. Une femme de mon âge me dit « you are very rich ». Du coup je ne sais pas ce qu’elle veut dire, il faut que nous payons c’est ça ? Mais non, son neveu m’explique, elle veut dire le fait d’avoir beaucoup de famille et d’amis autour de soi fait qu’on doit se sentir riche. C’est vrai, c’est très chaleureux, et ils ne veulent surtout pas qu’on paye. C’est l’hospitalité de ce pays.
Ensuite nous pouvons intégrer notre chambre. De la mer, nous aurons le lever de soleil de la fenêtre en face du lit. Finalement nous serons pas mal ici, sûr que nous pouvons rester quelques jours.
Et voilà comment la première semaine se passe, tous les matins nous sommes réveillés par la mosquée (juste à côté) à 5 heures du matin. Mais le chant est assez mélodieux. Et comme ça Pascal est réveillé à l’heure pour la levée du soleil, je dois avouer que je n’ai rarement le courage de me lever. Comme nous habitons presque sur la plage, la mer vient très près quand la marée monte et ça fait un bruit énorme, surtout la nuit. Toutes les nuits je me réveille et je pense que nous avons une tempête dehors. Mais non, c’est juste la mer qui monte et le vent dans les cocotiers.
Nous avons loué une moto pour tous le séjour et pouvons donc nous promener à notre guise. Depuis que nous avons la moto, nous avons découvert un autre accès internet (Warnet) dans le village. Ce n’est pas toujours rapide, mais ce n’est pas cher non plus. Nous y venons régulièrement donc les propriétaires nous connaissent maintenant. Elle est prof d’anglais dans un collège, elle voudrait que je vienne dans sa classe pour parler aux élèves et leur donner une possibilité de pratiquer leur anglais avec un étranger. Nous avons donc fait quelques connaissances locales, nous faisons un peu partis du décor maintenant.
L’autre jour nous avons visité un village où les pêcheurs ont abandonné la pêche au profit de la culture d’agar agar (des algues), ils ont tendu des cordes dans la mer qui se tiennent flottants à l’aide de bouteilles en plastique.
Ce n’est pas esthétique bien sûr, toutes ces bouteilles, mais c’est sans doute plus lucratif et moins dangereux que la pêche.
La plage est magnifique ici par contre.
Nous voulions manger quelque chose dans le village et cherchions un Warung (petit resto locale). Sous une maison il y avait beaucoup de personnes et des tables. J’ai demandé si on pouvait manger là. « Yes you can, but we don’t have any money». Ce n’était donc pas du tout un restaurant, juste une famille et des amis. Mais il a fallu que nous mangions et pas question de payer après. Il y a une hospitalité hors paire ici.
En repartant il a fallu reprendre de l’essence. Pas de grandes pompes, mais pas de danger de tomber en panne sèche. Tout les 500M environ il y a un petit stand avec des bouteilles d’un ou deux litres d’essence. Quand nous voulions en prendre cette fois-ci il n’y avait personne d’abord, mais deux minutes après, nous étions entouré par au moins 20 personnes, nous sommes la curiosité des villages. Nous avons beaucoup plus de succès que Nicolas et Carla.
Comme nous n’habitons pas Bira Beach, « là où la vie se passe », enfin là où il y a les quelques restaurants, de temps en temps nous essayons de se débrouiller le soir pour le repas nous même pour éviter de revenir de l’autre côté. Mais ce n’est pas facile. Il n’y a pas grand-chose à acheter. Pas grand-chose dans les magasins, pas grand-chose sur le marché non plus. En plus nous n’avons pas de feu à notre disposition, donc il faut que ça reste au niveau de salades et de fruits ou boîtes de sardines. Nous nous couchons comme des poules, surtout moi, il fait nuit tôt, et il n’y a strictement rien à faire. Donc je lis, je vous écris, Pascal prépare les photos pour mettre sur le blog, ou s’amuse avec les enfants ici. Pas de télé du tout, donc pas de match de rugby……,, voilà pourquoi on doit se faire nos propres matchs (voir vidéo article precedent). Nous passons des vacances repos.
Anita